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Vivre dans le monde de Disney, merveilleux ou cauchemardesque ?

Vivre dans l’univers de Disney pour votre retraite ? C’est la promesse de Storyliving, le nouveau département de la division parc d’attractions du groupe américain : construire des communautés, imaginées par les créatifs Disney, qui offriront « le charme d’une petite ville et les services d’un ressort ».

La première ville Cotino, sera située en Californie, près de Palm Springs, avec 1 900 habitations construites par un promoteur partenaire autour d’un lagon artificiel.

Cette incursion de Disney dans le monde de l’urbanisme n’est pas la première : au milieu des années 1990, le groupe avait bâti en Floride la ville nouvelle de Celebration, tout à côté de Walt Disney World. Celebration compte aujourd’hui 10 000 habitants, mais n’appartient plus à Disney : le centre-ville a été revendu en 2004 à un groupe immobilier new-yorkais, Lexin Capital.

BIG a dessiné le nouveau siège social de Google à Mountain View (Californie), actuellement en construction, dont la structure me de toile de tente est recouverte de panneaux solaires, ou la Dryline, un ruban mg de 15 km pour protéger le sud 1nhattan de la montée des eaux. Iconoclaste, passionné de mobilité, d’environnement et de science-fiction, Bjarke Ingels ne semble connaître aucune limite : son dernier livre, Formgiving (Taschen) montre des bâtiments conçus pour la Lune ou pour Mars… Il a présenté en 2020 un projet pour protéger la Terre du réchauffement climatique, Masterplanet. De quoi, forcément, attirer l’attention de Marc Lore.

« Il nous approchés il y a environ un an, raconte l’architecte. J’ai aimé son idée d’essayer de combiner l’énergie et la diversité de New York avec la qualité de vie et les services sociaux de Copenhague. J’ai eu le sentiment que cela pourrait marcher, et ça m’a donné envie d’essayer. » Telosa ne serait pas sa première ville nouvelle.

Les États désertiques de l’Ouest américain, comme l’Utah, le Nevada, l’Arizona ou l’Idaho font figure de favoris., mais le site Web de Telosa évoque également la région montagneuse des Appalaches, à l’est du pays.

« Il faut trouver un endroit qui, pour une raison ou une autre, n’est pas exploité pour le moment », explique Bjarke Ingels.

Quant au défi de construire dans le désert, l’architecte ne le juge pas insurmontable, grâce aux énergies renouvelables. « Si vous disposez d’une source d’énergie abondante, comme le solaire ou l’éolien, vous pouvez faire beaucoup de choses. » John Rossant semble pour sa part moins convaincue. « En général, les villes nouvelles au milieu de nulle part sont des échecs. Il y a de nombreux exemples en Chine, où des provinces ont dépensé des milliards pour construire des villes fantômes où personne n’ira jamais habiter.

Si Telosa se trouve à une heure de Salt Lake City ou d’un autre aéroport international, cela peut marcher. Mais en plein désert, cela n’a aucune chance d’attirer les gens. » La réponse devrait venir dans moins d’une décennie : la première phase de Tel osa, prévue pour 2030, vise 50 000 habitants. Pour convaincre ces pionniers d’un nouveau genre, Marc Lore s’appuie sur sa promesse de leur offrir un nouveau modèle de société, sans impôt et pourtant plus équitable. « Plus de 10 000 personnes nous ont déjà contactés pour dire qu’elles voudraient vivre à Telosa et y fonder une famille. C’est exactement ce que nous cherchons : que notre vision donne envie aux gens !» •

LES ECHOS, Marc Lore, 29 avril 2022