Digital amnesia, baby botox, greendating… Derrière ces mots, on vous laisse découvrir quelques-unes des bizarreries de l’époque.

Vous voulez lancer un débat sur l’air du temps ? N’hésitez pas à piocher dans le vocable ci-dessous, il vous donne un aperçu des tendances du moment. Et si rien de tout cela ne vous inspire, vous pourrez toujours discuter de ce besoin de nommer les choses dans un sabir international.

Digital amnesia

Chercher le nom du film que vous avez vu hier au cinéma, n’avoir aucune idée de numéro de téléphone de vos parents ou du nom de la rue de votre brasserie préférée… À force de déléguer à nos écrans la mémoire de notre quotidien, nous aurions perdu l’habitude d’exercer notre mémoire mnémonique. Au point de nous rendre amnésique et de favoriser le développement de démence sénile précoce ? Les neuroscientifiques sont divisés, mais la possibilité n’est pas à exclure.

Skrinkflation

Astuce spéciale industriels : comment s’arranger pour vous faire payer l’inflation ? Pas besoin d’élaborer des plans machiavéliques. Le prix des sachets de chips et des paquets de biscuits restent les mêmes, mais leur taille diminue (shrink en anglais signifiant diminuer…). Tout cela nous mène inéluctablement à la lunchflation, la hausse drastique du prix de notre lunch (déjeuner)… Merci, mais non merci.

Situationship

C’est le nouveau type de relation amoureuse plébiscité par la génération Z. Les situationships (situation + relationships) combinent sexe, tendresse, intimité et pragmatisme. Il va falloir rompre car la vie vous conduit inéluctablement à plus de 4 000 kilomètres l’un de l’autre ? Pas de problème, on en profite avant, bien conscients que ce n’est pas parce qu’une relation a une durée de vie limitée qu’elle n’est pas désirable et saine.

Xeriscaping

Elles sont devenues le symbole d’une vie tranquille et opulente en banlieue cossue : avec les films et séries télé, les pelouses (symétriques, drues, verdoyantes et taillées au millimètre) se sont imposées comme la prolongation du rêve américain. Sauf qu’avec le réchauffement climatique et la nécessité d’économie de l’eau, on déclare haro sur les pelouses. À la place, on adopte une méthode alternative d’aménagement paysager : le xeriscaping (xéropaysagisme). Il s’agit de promouvoir des jardins capables de se passer d’arrosage et de privilégier les plantes xérophiles (économes en eau) et natives de la région.

Métamour

Pour ceux qui délaissent les formes de couple traditionnel pour s’essayer au polyamour, l’écueil de la jalousie peut parfois faire dérailler les relations. Mais pas toujours. Certains individus préfèrent nouer une amitié (ou tout du moins une entente cordiale) avec le ou la partenaire de leur moitié. Sans pour autant coucher avec cette tierce personne (on n’est pas ici dans une configuration de trouple — couple à trois). Qui est pour vous alors cette personne dans votre vie mais pas dans votre vie ? Votre métamour.

Baby botox

C’est la tendance en médecine esthétique que les Z (pour rappel, ils n’ont pas plus de 25 ans) ont adopté massivement cette année. L’objectif de la procédure : obtenir des résultats ultra-naturels loin des visages matelassés des actrices des années 90, et ce, grâce à de multiples injections de microdoses à différents points du visage d’une version diluée du botox classique. Sur TikTok, les vidéos en rapport avec le baby botox (mis à la page par Meghan Markl et tout une troupe d’influenceuses) ont été vues près de 4 milliards de fois.

Greendating

Vous refusez l’idée de vous accoupler avec une personne qui ne connaîtrait pas la composition des 7 types de plastique, ne fabriquerait pas sa lessive et soutiendrait le combat de Mbappé pour le droit aux voyages en jet privés ? C’est donc que vous pratiquez le greendating (les rencontres amoureuses vertes). Si les applications de rencontres comme Bumble ou Elite Singles et leurs « badges » indiquant votre intérêt pour l’environnement ne vous suffisent plus, rendez-vous directement sur Green Singles et Grazer ou le groupe Facebook Adopte un·e collapse.

Plastic shaman

Ou « chaman en plastique ». L’expression est née aux États-Unis pour désigner les personnes (généralement blanches) tentant de se faire passer pour des chamans ou chefs spirituels traditionnels. Comment les reconnaître ? Ils se filment en train de jouer du tambour dans la forêt avec des peintures tribales sur le visage et proposent des soins très chers dispensés en vidéoconférence. Entre autres. Récemment, l’expression s’est frayé un chemin sur les réseaux français pour dénoncer les dérives d’une communauté new âge complètement à la ramasse. Namasté, comme on dit chez eux.

L’ADN, Laure Coromines, 27 septembre 2022