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Le look cyberghetto, coqueluche des réseaux

Pantalons baggy, couleurs saturées et surface réfléchissante… ce style en vogue de la fin des années 90 à la moitié des années 2010 dans les communautés afro-américaines redevient tendance.

 

C’est quoi le look cyberghetto ?

Le néologisme combine donc les termes « cyber », pour évoquer internet et le cyber espace, et « ghetto » pour désigner les espaces de vie urbains séparés des communautés afro-américaines. Selon le Urban Dictionnary, l’appellation aurait été forgée par Lewina, une adolescente noire sur Tumbler. (Aujourd’hui, la plateforme quelque peu désertée compte toujours plus de 6 000 abonnés au #cyberghetto.)

À l’approche du nouveau millénaire, et à mi-chemin entre l’esthétique hip-hop et cyberpunk, le look mettait à l’honneur l’orange fluo, le noir, l’argenté et le bleu, les clous, les semelles compensées et les lignes futuristes, le tout dans une ambiance streetwear un peu dark. Pour Aesthetics Wiki, l’encyclopédie des esthétiques Internet, les visuels de l’esthétique peuvent souvent « aborder des sujets plutôt sombres comme la toxicomanie, la solitude, le chagrin et la pauvreté ».

Sur TikTok, le #cyberghetto cumule plus de 7 millions de vues : ici, les vidéos montages s’enchaînent, mettant principalement en scène des femmes en crop top, casquette baggy et lunettes teintées.

 

Cyberghetto, ou le dernier objet de l’appropriation culturelle

Pour certains, le look Y2K, emprunté aux Afro-Américains, n’a été popularisé que parce qu’édulcoré et passé à la moulinette rose et pailletée de l’héritière de la fortune Hilton, comme le durag ou les tresses cornrows avec Kylie Jenner. Pour d’autres, le terme même de cyberghetto est offensant car estimé trop communautaire.

Quoiqu’il en soit, le terme tente de se teinter d’une aura contestataire, loin des clichés policés de l’esthétique Y2K qui deux décennies plus tard séduit le grand public.

 

L’ADN, Laure Coromines,, 26 novembre 2021