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Le fractionné est-il une bonne idée?

Il permet à des épargnants de participer à l’achat de biens immobiliers pour une poignée d’euros.

Il n’est pas forcément nécessaire de dépenser des milliers d’euros ni de souscrire un crédit coûteux pour investir dans un logement locatif. Accéder à ce placement pour une poignée d’euros seulement est désormais possible. Comment ? Au travers de l’immobilier «fractionné», qui permet à des épargnants de participer collectivement à l’achat de biens immobiliers – un appartement, une maison, une boutique – via une plateforme sur internet, et de percevoir un rendement.

De quoi séduire des particuliers aux moyens limités et pour lesquels l’accès au crédit s’est brusquement compliqué ces derniers mois. «Les Français aiment l’immobilier, mais une partie d’entre eux n’y a plus accès», rappelle Éric Prinet, cofondateur de Tantiem, une plateforme d’immobilier fractionné qui se lance ce vendredi. Or ce placement reste l’un des plus rentables sur le long terme.»

Ce site promet l’accès à des biens immobiliers habituellement inaccessibles aux particuliers (mur de boutiques, immeubles entiers) à partir de 100 euros et en quelques clics.

« Aujourd’hui, il est possible d’acheter une action en cinq minutes. Notre objectif est de permettre de faire de même pour l’immobilier », poursuit Éric Prinet. À la clé, une promesse de rendement, issue des loyers et d’un gain potentiel à la revente au bout de six à huit ans, située entre 5 % et 9 % par an. Les investisseurs ne sont pas propriétaires du bien comme c’est le cas pour un achat en direct. Ils souscrivent une obligation émise par la société acheteuse, sous contrôle de l’Autorité des marchés financiers (AMF), et dont la rémunération est variable et suit les loyers.

Un visa de l’AMF

D’auttres start-up se sont lancées sur le créneau de l’immobilier fractionné ces dernières semaines, Bloks.co, Wally, Meute Invest…, avec des mises de départ pouvant aller de 1 euro (Bloks.co) à 200 euros (Meute Invest).

« On assiste à une véritable vague », confirme Damien Guermonprez, président de Financement participatif France, qui regroupe les professionnels du crowdfunding. Ces jeunes pousses aimeraient occuper la place laissée vacante par Bricks, plateforme d’épargne au succès éclair (5,5 millions collectés depuis son lancement en 2020) mais aux promesses intenables. Le site qui annonçait jusqu’à 15 % de rendement a ainsi dû mettre un coup d’arrêt à sa collecte en décembre 2022, à la suite d’une mise en garde de l’AMF alertant contre « les fausses promesses ou les textes trompeurs ». Le gendarme de la Bourse avait également pointé du doigt le paieement des loyers « par royalties », équivalant à des droits financiers, incompatible avec la règlementation française.

Les nouvelles offres tiennent compte des mises en garde du gendarme de la Bourse. Ces sociétés ont, pour la pluspart, opté pour un modèle obligatoire des titres régulés par l’AMF. « Toutes les levées de fonds ont été supervisées », confirme Damien Guermonprez. Les jeunes pousses qui ont investi le secteur de l’immobilier fractionné rêvent de marcher dans les pas d’Arrived Home.

Aux États-Unis, cette start-up permet d’investir dans des maisons de lotissement à partir de 100 euros. Jeff Bezos en personne, s’est laissé séduire. Le fondateur d’Amazon a annoncé en janvier avoir acheté sa 200e maison. 

Le Figaro, Jorge Carasso, 26 mai 2023