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Le culte du Kilt !

D’abord longue écharpe, ce vêtement des Highlands a fait son chemin. Traditionnel, punk ou bon chic bon genre, c’est le moment de choisir son clan !

En patchwork coloré sur le défilé Marine Serre, beige et bourgeois chez Burberry ou en superposition chez Gucci et Dsquared, le kilt et son héritage subversif s’imposent cet hiver. L’occasion de revenir sur ses origines. Tout commence au XVIème siècle, sur les hautes terres écossaises, avec la «grande écharpe». Cette pièce de tissu que les hommes enroulent autour de la taille est retenue par une ceinture et remontée sur l’épaule à la manière d’une toge. Fait d’une laine résistante aux caprices de la météo, il mesure 4 à 6 mètres de longueur et environ 2 mètres de largeur, mais ces proportions évoluent.

Tissés à la main, les motifs tartans et leurs coloris varient pour dessiner une hiérarchie subtile entre les clans.

En 1720, Thomas Rawlinson, un industriel installé près d’Inverness, le coupe en deux parties pour des raisons pratiques. Le premier morceau devient le «petit kilt», une jupe courte fermée par une broche et le reste forme une écharpe. Peu après, le Dress Act, promulgué à la suite de l’insurrection jacobite de 1745, en interdit le port. Il devient alors un signe de ralliement et de rébellion. Mais c’est la royauté qui l’élève au rang de pièce culte.

En 1822, lors d’une visite à Édimbourg, le roi George IV arbore la silhouette écossaise pour présenter l’image d’une Grande-Bretagne unie. Un «coup de pub» avant l’heure.

En 1840, la reine Victoria, très attachée au style des Highlands, donne un nouvel élan à cette mode parmi la noblesse.

Après la Seconde Guerre mondiale, les femmes l’adoptent dans une version simplifiée. L’uniforme des régiments écossais de l’armée britannique est aussi celui des écoliers anglais des classes aisées.

Dans les années 1980, Dame Vivienne Westwood et le mouvement punk lui redonnent son caractère libenaire. À la même époque, Jean Paul Gaultier tente de l’introduire dans le vestiaire des Français.

 Les années 2000 voient émerger le talentueux Alexander McQueen qui puise dans son héritage écossais et le porte pour saluer à la fin de son show en 2007. De MarcJacobs à Virgil Abloh, il reste synonyme d’insurrection. Si le kilt évolue, cette jupe au masculin est encore pile dans l’air du temps : la fluidité des genres.

Paris Match, Tiphaine Menon, Isabelle Decis et Martine Cohen, 3 novembre 2022