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La lumière dans la nuit…

Des chercheurs de l’université de Stanford, en Californie, travaillent sur des panneaux solaires capables de produire de l’énergie la nuit. Quel est ce prodige ?

Des panneaux solaires qui produisent de l’électricité la nuit ? Bien sûr. Et des éoliennes qui tournent grâce à du pétrole, aussi ?

Quand, au bistrot, la conversation s’attarde malencontreusement sur les questions d’environnement et d’énergie, il y en a toujours un pour se retourner, le coude posé sur le comptoir, et lancer un peu fort, sûr de lui, avec un regard qui signifie qu’il est sans doute le premier à avoir décelé le point faible des énergies renouvelables : « Mais quand y a pus d’vent, elles tournent pus, tes éoliennes ! Pis quand y a pus de soleil, y z-en crachent pas beaucoup, de l’électricité, tes panneaux solaires !» (retranscrit par l’auteur). Argument imparable, certes, mais en passe de tomber dans la catégorie des clichés dépassés. On ricane, on ironise, on peut même à l’occasion faire preuve d’un esprit sarcastique en ces pages, mais parfois, tout de même, on est bien obligé de poser un genou de respect à terre devant l’ingéniosité de certains scientifiques.

Ceux de Stanford, par exemple, qui donc ont trouvé le moyen de produire de l’électricité avec des panneaux solaires pendant la nuit. Dans un premier temps, on pense avoir résolu l’énigme : ils parviennent à capter la lumière, même pâlotte, de la lune et des étoiles, se dit-on, en développant des capteurs nyctalopes, qui, tels les yeux du chat, peuvent forer les ténèbres et accumuler suffisamment de grains de lumière çà et là pour former un faisceau puissant. Intéressant… Mais pas du tout ! C’est bien, bien, bien plus malin. Et, comme souvent, c’est contre la première intuition que la science a bâti son invention et que ses prêtres ont crié : eurêka !

Toute la journée, les panneaux solaires emmagasinent de la chaleur. Le soir venu, ils refroidissent, ils évacuent la chaleur. À tel point que les cellules deviennent très légèrement plus froides que l’air. C’est grâce à cette toute petite différence de température et à l’adjonction d’un générateur thermoélectrique qu’il devient possible de tirer encore un peu de jus des panneaux. Pour l’ins­tant, les résultats sont modestes. En l’état, le procédé ne permet même pas de faire rosir le filament d’une petite ampoule. Mais les chercheurs annoncent que, après quelques réglages, leurs panneaux solaires pour­raient, nuitamment, atteindre une puissance électrique de 50 W/m2. Très, très loin de la capacité diurne, mais néanmoins bien mieux que rien du tout.

Reste à trouver le moyen de faire des étincelles avec des pales d’éolienne immobiles et à exploiter les hydro­liennes asséchées …

Marianne, Nicolas Carreau, 4 mai 2022