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Comment éviter que les enfants découvrent qu’il n’existe pas !

Les parents sont parfois plus attachés au conte de Noël que leur progéniture. Et pour que la magie opère le plus longtemps possible, certains recourent à des scénarios particulièrement élaborés. Lisez vite !

Un verre de lait à moitié consommé, des épluchures de clémentine et des miettes de sablé sur la table : pendant longtemps, ce trio alimentaire fut l’irréfutable preuve du passage du Père Noël, dans la nuit du 24 au 25 décembre. Mais cette recette ne suffit plus à convaincre les jeunes enfants.

Entre les fratries recomposées, les réveillons en décalé et les distributions plurielles de cadeaux, sans parler des mauvaises langues dans la cour de récré ou des fuites sur le téléphone portable des parents, certains adultes redoublent d’imagination pour maintenir leur progéniture dans l’illusion de Noël.

Depuis que leur premier fils a découvert, en CP, la véritable origine des cadeaux « sur le WhatsApp familial », Samuel et sa compagne sont bien décidés à faire durer « l’univers de Noël le plus longtemps possible » pour le deuxième (4 ans et demi).

« Un soir, notre premier garçon jouait sur mon smartphone et me dit : Mamie va m’acheter le circuit de Spiderman robot, je l’ai vu sur ton téléphone. Il avait 6 ans. J’étais en colère contre moi-même », explique le papa parisien, qui a compris la leçon. Depuis, « avec mes sœurs et mes parents, on ne gère les histoires de cadeaux qu’à l’oral et lorsque les enfants sont à l’école. Pas question que je me refasse piéger ». Il a imposé un système similaire à sa belle-famille : « On s’envoie des mails, et ça fonctionne très bien ».

« Pour moi, c’est important que les enfants vivent cette période magique le plus longtemps possible. Tout est tellement déprimant le reste du temps » – Samuel 2 enfants

En décembre, la télévision de la salle à manger reste éteinte, les catalogues de jouets n’ont pas le droit de cité dans la boîte aux lettres, et il passe au drive récupérer les courses de la semaine. « Ça évite que les enfants tombent sur des Pères Noël qui sont là pour amuser la galerie. On essaie de maintenir nos enfants dans une bulle jusqu’au 24 décembre. Finalement, même l’aîné est tenté d’y croire à nouveau ».

Organisation bien pensée

Échapper au spoil en pleine période de l’Avent : la démarche n’est pas simple et suppose de réfléchir à un scénario afin de préparer les indices. Avec quatre enfants nés de deux unions, dont une petite dernière de 4 ans, Florence est une spécialiste en la matière. Chaque année en décembre, cette quadragénaire habitant Laval (Mayenne) savoure « la magie des fêtes de fin d’année » et aime faire « croire au passage du Père Noël ». Les deux grands (20 et 18 ans) sont depuis de nombreuses années les complices de cette organisation bien pensée. « Ils n’avaient pas intérêt à dire la vérité, dit-elle en rigolant. Je suis une convaincue de Noël. » Un véritable contrat familial que vient d’ailleurs de rejoindre Sacha, 9 ans. « Il a compris cette année la vérité à l’école, ça a été difficile pour lui… Mais maintenant, il se fait un plaisir de continuer à faire croire sa petite sœur ».

« L’empreinte d’une grosse botte dans les cendres de la cheminée chez mes parents, les enfants avaient été scotchés ! » – Florence , 4 enfants

Si cette dynamique agente immobilière laisse au petit matin du 25 une fenêtre entrouverte, puisqu’il n’y a pas de cheminée dans la maison, elle prend aussi soin de « tapoter un coussin posé sur une chaise pour montrer qu’il s’est assis et a mangé sa collation ». Elle multiplie les preuves, « mais sans que ce soit trop gros ». « Je rajoute des petites choses concrètes, s’amuse-t-elle. Par exemple, il y a toujours un objet oublié par le Père Noël près du sapin, un morceau du traîneau, un bout de tissu. » Sa meilleure idée ? « L’empreinte d’une grosse botte dans les cendres de la cheminée chez mes parents, les enfants avaient été scotchés ! ».

Toujours séduite par les féeries des villes à cette période, Loren a trouvé la réplique lorsque les bonshommes à barbe blanche sont un peu trop nombreux au kilomètre carré : « Je dis à mon fils : “Mon chéri, ce sont des agents du Père Noël”. » Pourtant, la période est complexe à vivre en tant que maman : « Ce mensonge vient contredire tout ce que j’essaye de mettre en place chaque jour dans ma parentalité. Cette histoire me perturbe intérieurement, c’est vrai, mais je suis encore trop convaincue par la magie de Noël pour la laisser tomber ».

Limiter les risques de fuite

Si certains se débrouillent avec trois fois rien, d’autres optent pour le grand show. Du côté de Montpellier, pour Emma et Mathias ,ce Noël 2022 prend une tournure particulière. Dans cette ville du Sud, « au soleil et sans la neige », disent-ils, « la magie n’opère pas de la même manière ». Le couple part avec Rachel, 5 ans, au Québec à la mi-décembre. Au programme : un aller-retour dans le village du Père Noël. « On devrait visiter le village des lutins, faire un tour en traîneau, apercevoir des rênes. Notre idée est d’émerveiller notre fille avec des paysages splendides et de lui faire vivre un conte de Noël. Nous rentrons le 27 et les cadeaux seront déposés au pied du sapin ».

Le Monde, Agathe Beaudouin, 11 décembre 2022