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Une ville géante de 170 km de long sur 500 m de haut va voir le jour en Arabie Saoudite

Le prince héritier Mohammed ben Salmane a présenté Neom, projet pharaonique de ville géante, numérique et verte au cœur du désert saoudien et face la plus visible du plan Vision 2030, le grand projet de transformation et de diversification du royaume. Ce sera le plus grand bâtiment jamais édifié !

«En tant que président du conseil d’administration de Neom, je vous présente The Line, une ville pouvant accueillir un million d’habitants, de 170 km de long et qui préservera 95% des zones naturelles», affirmait-il fièrement à la télévision, comme le relayait alors notre collaboratrice Céline Deluzarche. Présentée comme une ville « zéro voiture, zéro route et zéro émission de carbone», cette cité du futur est discrètement en train de dévoiler sa pièce maîtresse, comme le rapportait Bloomberg fin mai.

Il est ainsi question d’un double gratte-ciel de 500 mètres de haut et s’étalant sur des dizaines et des dizaines de kilomètres, de la mer Rouge au cœur du pays, laissant ainsi la tour Burj Khalifa –aujourd’hui la plus grande du monde– loin derrière dans l’histoire récente des rêves humains les plus fous.

Monumentale pour dire le moins, la chose serait à l’évidence la plus grande construction jamais bâtie dans l’histoire si elle sortait effectivement de terre. Un changement par rapport aux précédentes annonces, qui tablaient plutôt sur un ensemble de plus petites unités, distantes mais reliées par un train à grande vitesse.

Selon des sources internes à Neom et interrogées par Bloomberg, des architectes ont été chargés de plancher sur des prototypes de bâtiments de près de 800 mètres de long. Si elles devaient voir le jour, chacune de ces structures serait à elle seule plus massive que les plus massifs des bâtiments sur Terre, généralement des usines ou des centres commerciaux plutôt que des unités résidentielles, note le média américain.

Le pays aurait travaillé sur The Line, et sur ce bâtiment infini qui en jouera le rôle de colonne vertébrale, en partenariat avec la firme californienne Morphosis, menée par le « bad boy » et Prix Pritzker 2005 Thom Mayne. « The Line est une idée originale, a expliqué sans entrer dans les détails Nadhmi Al-Nasr, patron du projet. Ce que nous allons présenter lorsque nous serons prêts sera très bien reçu et sera perçu comme révolutionnaire. »

Si les contours exacts de ce bâtiment fantasmatique restent encore volontairement flous, il est expliqué que la hauteur de la construction pourra varier au long des kilomètres, selon les contraintes du terrain et les désirs esthétiques d’une skyline harmonieuse.

Pour financer le projet, le royaume pourra compter sur les profits records amassés par la compagnie pétrolière publique Aramco et sur le pactole que constitue le fonds souverain du pays, nommé le PIF (pour Public Investment Fund), dont la richesse approche les 500 milliards de dollars (soit 465 milliards d’euros).

Si l’argent n’est donc a priori pas un problème, la faisabilité pourrait en revanche en être un : l’Arabie saoudite, comme les investisseurs potentiels, a encore en tête les grandes difficultés commerciales rencontrées par le King Abdullah Financial District, un méga projet de bâtiments accueillant des bureaux à proximité de Riyad, resté longtemps aussi désertique que son environnement immédiat.

Les promoteurs promettent donc du gigantisme, certes, mais les blocs de bâtiments seront construits selon la demande. « Quand les gens parlent de The Line, ils entrevoient un Hyperloop futuriste, une entité à la Star Wars », a expliqué Ali Shihabi, l’un des membres du conseil consultatif de Neom.

« Mais quand The Line nous a été présenté, j’ai vu quelque chose de hautement intelligent, une ville bien pensée et durable, qui logera des travailleurs comme des milliardaires et sera bâtie par tranches, donc qui suivra la demande. »

Bloomberg/Korii, Thomas Burgel, 8 juin 2022