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Un jour, il sera absolument interdit aux humains de conduire

Les automobilistes n’utilisant pas la conduite autonome pourraient se voir accuser de « négligence criminelle ».

On estime que 95% des accidents de la route sont dus à une erreur humaine. Manque d’anticipation, mauvaise perception du risque, conduite en état d’ivresse ou de fatigue, vitesse excessive ou conducteur distrait par son téléphone portable : les occasions de provoquer un carambolage ne manquent pas. Malgré ce qu’en disent nombre d’automobilistes, les véhicules ou les infrastructures n’en sont que rarement la cause.

Cet état de fait est l’un des arguments phares des promoteurs de la voiture autonome. Cette dernière n’est jamais distraite ou victime d’inattention, elle se synchronise avec les autres usagers de la route grâce à la 5G et roule à une vitesse régulée. Un récent rapport du cabinet IDTechx avance même que, en 2040, les voitures autonomes seront capables de circuler en évitant la moindre collision.

« À terme, la conduite manuelle pourrait être totalement interdite sur la voie publique dans l’intérêt de la sécurité. Elle ne disparaîtra pas complètement, mais elle sera réservée aux circuits de course et à d’autres circonstances particulières », peut-on lire sur le site Green Car Congress, qui relaye cette étude. « Ceux qui n’utiliseront pas [la technologie de voiture autonome] se rendront coupables de négligence criminelle », avance même le site.

À ceux pour lesquels l’idée peut sembler incongrue, le rapport rappelle que la circulation automobile est déjà restreinte de multiples façons. « Cela comprend l’introduction de limitations de vitesse et de ceintures de sécurité, ainsi que la création de zones piétonnes et de pistes cyclables dans les centres-villes »

Dans certaines rues, la circulation a même été complètement interdite. Des zones qui pourraient être rouvertes aux seules voitures autonomes (et électriques), avance le site.

Objectif à long terme

« La technologie a toujours initié des changements dans la législation. Au fur et à mesure que des voitures plus rapides ont été mises sur le marché, on a introduit des limites de vitesse. De la même façon, l’arrivée des téléphones portables a introduit une nouvelle législation interdisant son usage au volant » Du coup, il n’apparaît pas illogique qu’une technologie sécurisant la conduite soit imposée aux automobilistes.

Dans ce contexte, on pourrait penser que les gens aient massivement envie de passer à la voiture autonome. Pourtant, un quart des Français affirment qu’ils ne lui font pas confiance et qu’ils n’en utiliseront « jamais ». Quarante-cinq pourcent estiment même avoir une plus grande confiance en leurs propres capacités plutôt qu’à la technique de conduite autonome, spécialement dans les situations inconnues ou en trafic dense.

Il faut dire que, pour l’instant, la voiture autonome est loin d’être aussi fiable que ce qu’on pourrait en attendre. Un récent article de Korii, expliquait même qu’elle n’est « pas plus évoluée qu’un enfant de sept ans», et rencontre des bugs en série. Aux États-Unis, Tesla et sa tentative de conduite autonome ou semi-autonome fait face au regard courroucé d’un régulateur sévère quant à ses réelles capacités.

Mais lorsque les systèmes de conduite autonome seront suffisamment au point, il est possible que les assureurs n’acceptent plus de garantir les dommages causés par une erreur humaine. Ne restera alors plus aux fans de volant à se consoler avec leur manette sur Grand Turismo.

 

Korii, Céline Deluzarche,  23 septembre 2021