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Mieux que les fusées, voici SpinLaunch, une catapulte géante

Les premiers essais d’un étrange lance-satellite ont été menés avec succès.

Il y a deux ans, nous vous parlions de la start-up SpinLauch, qui ambitionne de mettre en orbite des satellites en les envoyant dans l’espace avec une sorte de catapulte géante en utilisant la force centrifuge.

Fondée en 2014, la jeune entreprise affirme aujourd’hui avoir mené ses premiers essais avec succès dans le désert au Nouveau-Mexique (États-Unis), avec une maquette à échelle d’un tiers.

La catapulte, une sorte de disque rotatif de 50 mètres de diamètre et qui atteint une hauteur « plus élevée que la statue de la Liberté », a envoyé un projectile de 3 mètres de long à une vitesse de « plusieurs milliers de kilomètres/heure », une vitesse suffisante pour atteindre le niveau suborbital, assure à CNBC Jonathan Yaney, le fondateur de SpinLauch. Et encore, l’essai n’a été réalisé qu’avec 20% de la vitesse maximale de l’appareil.

Jusqu’à présent, SpinLaunch avait plutôt joué profil bas. « Plus le projet est audacieux et fou, mieux il vaut y travailler plutôt que d’en parler. Nous devions prouver que nous pouvions réellement y arriver », explique le directeur.

Selon lui, « 90% des risques ont déjà été éliminés ». Autrement dit, la catapulte serait quasiment opérationnelle. La start-up prévoit environ trente vols d’essais suborbitaux au cours des six à huit prochains mois avant de passer au véritable lancement orbital.

Mieux que SpaceX ?

Le premier objectif de SpinLauch est de concurrencer les fusées spatiales pour envoyer des petits satellites dans l’espace. Aujourd’hui, la masse d’un lanceur est essentiellement constituée de carburant, ce qui réduit d’autant la masse et l’espace disponible pour la vraie charge utile.

Le système de SpinLaunch, fondé sur l’accélération du projectile, nécessite moins d’hydrogène et d’oxygène et pourrait envoyer des petits satellites pesant jusqu’à 180 kilos. D’après Jonathan Yaney, la catapulte permettrait ainsi d’utiliser quatre fois moins de carburant et de diviser par dix les coûts de lancement.

Mais la course à l’espace n’est pas son seul débouché possible, fait remarquer le site The Drive. Le Pentagone s’intéresse également de très près à la start-up pour lancer des mini-satellites militaires et des missiles.

« On peut facilement imaginer utiliser ce système pour envoyer des pièces d’artillerie à très longue portée, en particulier pour frapper des cibles lointaines sur une courte durée », avance le site. Ce n’est pas un hasard si la start-up a signé en 2019 un contrat avec le département innovation du Pentagone.

Son inconvénient majeur est lié à son infrastructure. Celle-ci s’avère trop imposante pour être embarquée sur des navires afin de lancer des ogives, par exemple. Il n’en reste pas moins que le concept, très disruptif, a séduit les investisseurs : la start-up a déjà levé plus de 110 millions de dollars auprès de noms prestigieux.

« L’époque sera peut-être bientôt venue où nous verrons d’énormes disques géants parsemer la côte », rêve The Drive. Encore plus moche que les éoliennes ?

 

Korii, Céline Deluzarche, 15 novembre 2021