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Les plantes pourront y pousser ! Démonstration avec des échantillons de sol…

Des scientifiques ont réussi à cultiver des végétaux dans du régolithe, une roche lunaire proche de la terre volcanique. Cela pourrait permettre de cultiver des végétaux sur la Lune, nourrir des astronautes, mais aussi offrir des perspectives pour augmenter les rendements des sols pauvres.

C’est une question clé pour les futures missions sur la Lune et même au-delà. Sera-t-on capable de cultiver des végétaux sur place et donc d’avoir des sources de nourriture pour les astronautes ? La réponse n’est désormais plus un mystère, car des scientifiques de l’Université de Floride viennent de réussir à faire pousser des plantes dans un tout petit échantillon de sol lunaire, mais avec plus ou moins de succès.

Des pousses de salades dans de la roche lunaire

Des chercheurs ont déposé du régolithe (du nom de cette roche lunaire proche de la terre volcanique) dans des godets de la taille d’un dé à coudre. Un gramme de matière par échantillon, soit 12 au total, issus des prélèvements effectués lors de trois missions, Apollo 11 (en 1969), Apollo 12 (en 1969 également) et Apollo 17 (en 1972).

Dans chaque pot empli de « terreau lunaire », ils ont déposé une graine d’arabidopsis thaliana ou « Arabette des dames » (de la même famille que le cresson, bien qu’elle soit non comestible), une plante modèle de laboratoire. Très étudiée depuis des décennies, elle pousse facilement notamment dans des environnements jugés hostiles.

Chaque jour, les graines ont été arrosées avec une solution nutritive. Parallèlement, afin de servir de comparaison, les chercheurs ont reproduit l’opération avec du sol terrien prélevé dans un cratère aux Etats-Unis, dont la composition se rapproche du sol lunaire.

Un sol non stérile

Au bout de 20 jours, toutes avaient bien germé et donné des feuilles. Il s’agit d’une preuve que ce sol lunaire n’est pas stérile. « C’était un résultat plus ou moins attendu, vu que la composition du sol de la Lune est proche de celui de la Terre. L’autre bonne nouvelle, c’est que dans la perspective d’une exploration lunaire un petit peu plus poussée que par le passé, on pourrait imaginer que le sol lunaire puisse servir de terreau à d’éventuelles cultures, même si les astronautes n’ont peut-être pas mangé que de la salade verte pendant trois mois sur place », explique Hervé Dole, de l’Institut d’astrophysique spatiale.

Mais si l’on n’est pas près de manger des salades ou des patates lunaires, c’est avant tout parce que l’expérience a montré le stress ressenti par ces plantes. Au bout de six jours, comparativement aux échantillons témoins, la croissance des pousses prélevées dans le régolithe avait ralenti, et une pigmentation avait fait son apparition.

Par ailleurs, les scientifiques ont constaté que les racines étaient rabougries, moins vigoureuses que les autres. Cela montre que la poussière de Lune n’est pas très riche, et que sa richesse varie en fonction des degrés d’exposition de la roche aux rayonnements cosmiques et aux vents solaires.

Ainsi, il faudra, quand l’occasion se présentera, identifier sur la Lune, les zones les plus propices à accueillir des cultures, ou bien trouver une méthode pour rendre l’environnement plus hospitalier. Le régolithe étant dépourvu d’eau, trouver une source locale s’impose. D’ores-et-déjà, la présence d’eau au pôle lunaire est à mettre au compte des optimistes.

France Inter, Sophie Bécherel,13 mai 2022