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Les imprimés fauves sont lâchés

La fourrure vouée aux gémonies, les imprimés animaliers reviennent en force, la technologie multipliant les possibilités.

Les imprimés fauves sont lâchés. Depuis quelques saisons, à mesure que les stylistes cessent d’employer de la fourrure véritable dans leurs collections, on dirait qu’ils reportent leurs envies de touches bestiales sur des motifs animaliers : léopard, panthère, tigre… Des espèces plutôt féroces dont les robes tachetées s’accordent à merveille avec de luxueuses étoffes comme la vigogne, le cachemire ou le camel depuis toujours. Avant 1975 et la convention de Washington, ces emprunts à la beauté du monde sauvage s’avéraient (malheureusement) des peausseries véritables.

Parfois même, des trophées de chasse d’un proche qu’une couturière spécialisée avait transformé en petit manteau de Dame… Une pratique aussi interdite qu’inconcevable de nos jours, tandis que les impressions de pelages sur tissu étaient plutôt mal vues en ce temps-là. Elles faisaient « mauvais genre » et, par ailleurs, s’avéraient plutôt grossières.

Depuis, les punks les ont détournées et coloriées. Des couturiers – Gianni Versace, Roberto Cavalli, Thierry Mugler, Azzedine Alaïa, Dolce & Gabbana… -, ont joué avec leur graphisme proche du camouflage. « La multiplication des motifs animaliers est aussi liée aux nouvelles technologies d’impression qui ont ouvert un champ créatif inimaginable, explique l’illustrateur Pierre-Louis Mascia qui ne peut s’empêcher de glisser des reproductions de fourrures, plumes ou écailles parmi les tartans et les rayures de ses collections de prêt-à-porter et d’accessoires hautement graphiques. Depuis quelques années, ajoutons aux progrès techniques que les imprimés animaliers apportent aussi du chien au moindre look posté sur les réseaux sociaux.

Le bestiaire de cet hiver

Dans la mode, on parle surtout de « panthère » et de « léopard » alors que les éthologues les considèrent comme une seule et même espèce. Leurs tâches diffèrent selon les parties du corps. Au niveau du tronc, elles se regroupent et forment des motifs comme des fleurs, appelées « rosettes ». Contrairement à celles du guépard qui sont uniformes et petites sur l’ensemble de l’animal, du jaguar avec des points en leur centre ou du tigre s’étirant jusqu’à former des striures.

Ces robes de félin dominent les tendances du moment, au naturel dans leurs couleurs fauves mêlées de beige et de noir. Ou revues dans des coloris forts, voire criards qui ne sont pas sans rappeler leur détournement par les punks dans les années 1980. Le zébre est également tendance cet hiver, simplement en noir et blanc. Le bestiaire s’agrandit du côté des accessoires qui sont déclinés dans des peausseries allant de dangereux reptiles à d’adorables animaux de la ferme (poney, poulain…) qui, rappelons-le, sont seulement des appellations pour des cuirs imprimés à la manière de ces espèces.

Fétiche des rich & famous

Sur scène, Beyoncé, Rihanna, Nicki Minaj, Rita Ora ou Lady Gaga se produisent souvent en tenues tachetées de la tête aux pieds. A la ville, Jennifer Lopez, Madonna, Kim Kardashian, sa mère et ses soeurs, Victoria Beckham ou Kate Moss s’affichent, elles aussi… régulièrement, habillées de motifs animaliers. Un signe de reconnaissance des femmes qui n’ont pas froid aux yeux ?

 

 Les Echos Mag, Frédéric Martin-Bernard, 17 novembre 2021