Skip links

Le PANTABOOT arrive !

Le mariage improbable d’une paire de bottes et d’un pantalon ou d’un collant est devenu durable. En cuir, en laine ou en stretch il s’enfile le pied à la verticale et ne passe pas à la machine.

Au rayon des produits hybrides de luxe, voici que l’inattendu pantaboot semble avoir trouvé sa place. On peut y voir, c’est selon, des cuissardes mutantes transformées en pantalon, ou un pantalon tellement interminable qu’il finit par muter en bottes. Derrière la consécration mode de cette pièce deux-en-un? Demna (Demna Gvasalia qui préfère désormais être appelé par son seul prénom), le directeur artistique de Balenciaga, jamais à court d’idées pour questionner le bon et le mauvais goût. Dès l’automne 2017, avec l’envie d’épicer sa collection d’un sous-texte graveleux, il introduit ce qu’il appelle des « pan­tashoes », fabriquées dans un tissu stretch utilisé pour les cagoules et combinaisons SM. Cinq ans plus tard, le concept s’accroche aux rayonnages de la maison française : le dernier cru, présenté le 8 décembre, l’a même fait évoluer en version cuir ou façon jeans cinq poches.

Entre-temps, Glenn Martens, à la tête de la création de Diesel, s’en est emparé pour le printemps-été 2022. De même, Saint Laurent y va, depuis septembre, de son équivalent en denim, velours, suède, tweed ou cuir, et Pucci de ses propositions colorées en matière synthétique. Tous le baptisent selon l’appellation la plus courante : pantaboots. « C’est l’une des créations les plus folles que j’ai eu à produire, s’amuse Roberta Rossi, la fondatrice de Rossi Venezia, un fabricant italien qui en a créé pour la collection hivernale du designer britannique Richard Quinn. Nous avons commencé par parfaire la chaussure dans laquelle il faut pouvoir entrer le pied bien à la verticale, avec une semelle faite main. Puis j’ai dû trouver un tailleur voisin pour s’occuper de tout ce qui se trouve au-dessus de la cheville. Deux mois et demi de développement en tout!»

Ce drôle de vêtement-chaussures, pensé initialement comme l’alliance entre une paire de collants et des souliers sur talons, remonterait à la fin des années 1960 – certaines photos de Helmut Newton attestent son existence. En septembre 1971, le magazine américain Time se faisait l’écho de l’invention, par une certaine Suzanne Garfield, du Pan-T-Boot, en tricot et pour moins de 30 dollars : « une ceinture, un pantalon extensible et des chaussures tout-en-un ( … ] rapidement épuisé à New York, San Francisco et Saint-Louis.» Déjà, les questions de l’époque diffèrent peu de celles posées aujourd’hui sur les forums spécialisés. Est-ce vraiment confortable? Et surtout, comment laver son pantaboot? «Ne surtout pas le passer en machine», rétorque-t-on chez Balenciaga en indiquant le pressing le plus proche. L’assurance de faire sensation … même en le portant à nettoyer.

En tweed de laine, collection hiver 2021, Saint Laurent par Anthony Vaccarello.. ysl.com