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Le « balletcore » signe de ralliement d’une génération décomplexée.

Les chausson de danse classique, nouvelle chaussure cool ? de l’opéra à la rue il n’y a qu’un pas que franchit allégrement la ballerine.

La scène se déroule au 22, rue de la Paix, à Paris. Dans la boutique aux airs de boudoir de Repetto, des jeunes filles essaient des « demi-pointes ». Noires, blanches, rose poudré.

Leur idée ?

Détourner ce grand classique de la danse, doté d’un élastique et d’une semelle souple, pour en faire un soulier urbain, à arborer avec un jean et un body. Certaines vont même plus loin : elles envisagent de le porter en soirée, à substituer aux fameux escarpins, pour un style plus singulier.

Le chausson de danse est désormais synonyme de cool, signe de ralliement d’une génération décomplexée. Une tendance que confirme le dernier classement Lyst, où la version en satin lancée par Miu Miu s’est hissée au premier rang des objets mode les plus convoités de la saison.

Et la plateforme matchestashion.com, où le modèle semicouvert à élastique proposé par The Row est en rupture de stock depuis la rentrée. « Cela fait plusieurs saisons que nous assistons au phénomène mais, là, c’est un raz-de-marée porté par une nouvelle clientèle, jeune et branchée, qui n’avait pas l’habitude de franchir nos portes », analysent Laurence Levy et Charlotte Gaucher, respectivement DG et DG adjointe de Repetto, qui propose désormais les « Sophia », un modèle inspiré des demi-pointes avec une semelle renforcée pour fouler le bitume.

Connu sous le nom de « balletcore » ce mouvement, né sur les réseaux sociaux, a déjà généré plus de 93 millions de vues sur TikTok, relayé par les célébrités et icônes de la génération Z.

On aura vu ainsi Bella Hadid parader dans les rues de Paris en chaussons en satin, sweat-shirt pantalon souple et besace.

Mais aussi Clara Luciani, en version robe chemise eighties et chaussons à rubans. Des looks qui s’éloignent d’une esthétique très littérale en jupon en tulle et body qu’on a connue au tournant des années 2010, pour aller vers le glam pop façon « Flashdance ».

« Les nouvelles générations ont fait le lien entre le confort de l’athleisure et l’envie retrouvée du plaisir de s’habiller post-confinement ».

 Alors voilà la ballerine, et ses différentes variantes, propulsée sur les podiums du printemps-été 2023, en figure de hit de la saison prochaine.

Colorée chez Tod’s, aux accents western chez Molly Goddard, montante chez Dior… « C’est la touche de douceur qui agit comme un baume thérapeutique sur nos looks », conclut l’experte. Un effet calmant qui a même adouci l’allure radicale du dernier défilé Balenciaga. 

Elle, Iliara Casati, 17 novembre 2022