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L’avion régional 100 % électrique d’Aura Aero sera prêt en 2025.

La start-up toulousaine annonce la signature de 130 intentions d’achat auprès de neuf compagnies aériennes.

Jérémy Caussade se frotte les mains. Quatre ans après avoir cofondé Aura Aero, start-up aéronautique installée dans un hangar, à la lisière des pistes de l’ancienne base aérienne de Toulouse Francazal (Haute-Garonne), le président de 36 ans annonce, « heureux et fier », que ERA, l’avion régional à propulsion électrique, amorce son décollage commercial.

Le petit appareil de dix-neuf places vient d’engranger 130 lettres d’intention auprès de neuf compagnies aériennes. Parmi elles se trouve la française Twin Jet, qui a signé une intention d’achat pour vingt-cinq appareils.

La maltaise Elit’Avia et la brésilienne Dux ont réservé vingt avions chacune, tandis que les sociétés française Flying Green, suisse FMS et gabonaise Afrijet se sont engagées pour dix aéronefs chacune. A la clé de ces promesses d’acquisition, un volume d’affaires de 3,3 milliards d’euros.

Aura Aero, la start-up toulousaine qui monte

En tout, en comptant les 200 exemplaires déjà signés avec le loueur irlandais Amedeo, ERA totalise plus de 330 intentions de commandes. Preuve que la « révolution électrique » de l’aéronautique, dont parle le président d’Aura Aero, est en marche et que le petit avionneur est bien positionné pour jouer le premier rôle. « C’est une étape importante et c’est le début de l’histoire. Ces lettres d’intention nous montrent que nous sommes sur la bonne voie », se réjouit Jérémy Caussade.

« La décarbonation de l’aviation n’est pas optionnelle. On ne peut plus ignorer le réchauffement climatique et on doit effectuer cette transition », poursuit le patron, un ancien salarié d’Airbus et d’Airbus Helicopters, qui aime dresser un parallèle entre sa jeune pousse, qu’il revendique comme la plus grosse de France, et Tesla, le constructeur automobile américain de voitures électriques.

« La trajectoire de cette entreprise est digne d’intérêt et est intéressante à observer, car elle a transformé une vision en une réalité tangible. C’est un défi industriel », dit-il.

Il intervient dans des endroits reculés

Cependant, pour l’entreprise toulousaine, tout reste à faire. En effet, cet avion n’est pas encore né. Le vol du premier prototype est attendu en 2025 et la mise sur le marché est prévue pour la fin de 2027. Mais si l’appareil n’existe pas encore, son principe de fonctionnement est clairement défini. L’avion de 20 mètres d’envergure sera capable de décoller et d’atterrir sur des pistes de 800 mètres et de parcourir des distances inférieures à 600 kilomètres.

Électrique et proposé en trois versions (cargo, passager et fret), l’appareil pourra assurer le transport de passagers et de marchandises. « Il vient en complément des moyens terrestres défaillants, explique Jérémy Caussade. Il peut intervenir dans des endroits reculés, là où il y a des montagnes, auprès de populations excentrées pour répondre à des besoins humains primaires. »

Jérémy Caussade, mais aussi Fabien Raison et Wilfried Dufaud, les deux autres ingénieurs aéronautiques à la tête d’Aura Aero, ne veulent pas se brûler les ailes.

Même si la première étape a été franchie, ils doivent lever des fonds pour financer la production des avions régionaux et construire un site industriel opérationnel en 2026. Sur ces deux derniers points, pourtant « bien avancés », Jérémy Caussade ne souffle mot. « Il faut faire les choses dans l’ordre. On ne peut pas se contenter d’effets d’annonce, car on veut renvoyer une image de contrôle. Mais on restera en France », promet-il.

 Le Monde, Audrey Sommazi, 17 octobre 2022