Le marché des cassettes vidéo VHS connaît un nouvel engouement. Aux nostalgiques et collectionneurs viennent s’ajouter de nouveaux investisseurs voyant la VHS comme une nouvelle source de spéculation.

Oubliez la 4K HDR 10+ avec son Dolby Atmos. En 2022, les cassettes vidéo VHS retrouvent leur heure de gloire. Si cet objet d’un autre temps ne dit rien aux plus jeunes, il a la saveur d’une madeleine de Proust pour les individus de 30 ans et plus.

La VHS a marqué une véritable révolution dans nos salons. Avant l’invention du magnétoscope, le seul moyen de visionner un film était de se rendre dans une salle de cinéma, d’attendre sa diffusion à la télévision ou d’installer un « Home cinéma » avec projecteur et tutti quanti, ce qui représentait un budget considérable.

La VHS était donc le cinéma à la maison, le Netflix des années 80/90. On pouvait en prime enregistrer les programmes diffusés à la télévision pour se les repasser plus tard (le replay des années 80/90) ou y enregistrer des moments de vie en insérant la VHS dans un caméscope (bien loin d’un format smartphone).

Puis le DVD, le Blu-ray et la dématérialisation sont passés par là, tuant à tout jamais les magnétoscopes (en 2016), cassettes VHS et vidéo clubs.

Enfin presque.

La VHS fait des émules

Si les irréductibles collectionneurs n’ont pas attendu les tendances pour conserver une flopée de VHS, un phénomène récent donne un nouvel élan à cet objet du passé. Alors que les cassettes vidéo s’échangeaient rarement à plus de 5 dollars, elles deviennent maintenant une nouvelle source de spéculation.

Ainsi, les nostalgiques et collectionneurs sont rejoints par de nouveaux investisseurs cherchant à spéculer sur les VHS les plus rares. Ainsi, une cassette de Retour vers le futur datant de 1986 s’est vendue à un collectionneur new-yorkais au prix de 75 000 dollars indique le Figaro.

Pourquoi un tel tarif ? Parce qu’il s’agissait d’une VHS qui appartenait à Tom Wilson, acteur qui jouait le rôle de Biff Tannen. La cassette s’accompagnait du message suivant :

Ceci est une cassette vidéo que m’a envoyée le studio à l’époque. Comme je pensais que le support VHS durerait toujours, je l’ai gardée pour plus tard. Maintenant je ne trouve plus de magnétoscope !

Des enchères comme celle-ci se multiplient. Parfois avec le simple désir de posséder un objet rare, parfois avec une approche plus spéculative en prenant le risque que la VHS retourne aux oubliettes.

Ainsi, une édition des Dents de la mer s’est vendu 32 500 dollars, une de Rambo 22 500 dollars, certains autres grands classiques des années 80 se vendent même à des prix à 7 chiffres ! Cette tendance s’est même déportée sur les réseaux sociaux où les groupes Facebook de collectionneurs ont vu leur nombre d’abonnés exploser.

Retour vers le passé

Ce « retour aux sources » touchant le marché des cassettes vidéo VHS n’a rien de nouveau. Les vinyles sont le symbole même de cette tendance touchant les cordes de la nostalgie. Après avoir été abandonnés au profit des CD, mini-disques puis des lecteurs MP3 et de la musique en streaming, les vinyles ont fait un retour en force chez les anciennes comme les nouvelles générations.

Plus récemment, les cassettes audios ont aussi fait leur come-back. Si en France le phénomène reste minime, le Japon par exemple a vu des boutiques entières se remplir de petites cassettes que l’on insérait autrefois dans les premiers Walkman.

Mais pour l’heure, seul le vinyle a véritablement fait un véritable retour sur le marché. À l’heure du tout dématérialisé, les maisons de disque ont réussi à donner un nouveau souffle à l’objet. Les vinyles vendus en 2022 sont présentés dans de nouveaux packagings, s’accompagnent parfois de titres exclusifs. Histoire d’en donner plus à ceux qui achètent un produit physique.

Cet attrait pour le vintage correspond aussi à une époque. Alors que se profile un avenir morose, les générations plus anciennes trouvent du réconfort dans les objets du passé qui les ramènent à une époque regrettée, à laquelle ils se sentaient plus apaisés, plus insouciants. Une époque à laquelle la technologie était encore au service des individus, et non l’inverse.

PresseCitron, Romain Vitt, 11 juillet 2022