Skip links

Deux étages dans la même cabine pour empiler les passagers. Vous préférez être en haut ou en bas ?

Bienvenue dans les « avions à impériale » (et bon courage aux claustrophobes) !

La crise actuelle du secteur aérien, due à la conjonction d’une forte reprise du trafic et d’un manque cruel de personnel, pousse les compagnies aériennes à sortir de la naphtaline celui que l’on pensait perdu pour la cause, le colossal A380 et ses deux ponts.

Le très gros porteur d’Airbus étant de toute façon condamné, la solution ne peut être que temporaire. Or, les défis écologiques comme économiques auxquels les compagnies aériennes font face les poussent à chercher des solutions plus durables pour rendre l’impact de chaque voyage moins important. En attendant des avions « propres » (qui ne le seront d’ailleurs jamais tout à fait), l’une des pistes est logique : pour économiser de l’argent et du carburant, il faut mettre plus de gens dans un même appareil, à la manière justement de l’A380.

Des start-ups sortent donc du bois avec des solutions cherchant à maximiser de manière optimale les quelques mètres cubes des cabines des aéronefs modernes. C’est notamment le cas de Chaise Longue Economy Seat, fondée par Alejandro Núñez Vicente, à laquelle Fast Company et CNN consacrent des articles, et dont la vidéo ci-dessous vous présentera le concept plus simplement que nos mots.

Tetris humain

L’idée est simple. Comme il existe des bus à impériale, ces véhicules à deux étages typiques de Londres, Chaise Longue Economy Seat veut inventer des « avions à impériale », dont une partie des sièges –ceux de l’allée centrale– entasseront les passagers les uns sur les autres afin d’augmenter la capacité totale de l’engin.

La personne assise dans le siège du bas aura l’insigne et rare honneur de bénéficier de toute latitude pour étaler ses guiboles, chose plutôt rare dans un avion moderne, du moins en classe économique. Bon courage en revanche en cas de claustrophobie : le siège situé un rang devant se retrouve à quelques centimètres seulement de son visage.

Les personnes situées sur la rangée du haut sont, elles, assises sur des sièges normaux, chose rendue possible par l’absence de caissons pour ranger les bagages. Des sièges normaux, ou presque : parce que les cabines d’avion ne sont pas extensibles, il leur sera impossible de se lever.

Le système présente quelques avantages : outre la place pour les jambes dont nous parlions, les sièges sont plus amplement inclinables (125 degrés contre 110 degrés généralement), permettant un meilleur sommeil.

« L’espace pour les jambes n’a pas d’équivalent », assure Alejandro Núñez Vicente à Fast Company à propos de ces curieux sièges du bas. Parlant de l’espace réduit entre son visage et le siège immédiatement devant, il admet que « c’est un peu plus proche ». « Mais quand on ferme les yeux et qu’on dort, on s’en fiche. Dans mon cas, même si c’est un peu plus claustrophobe, je préfère les sièges du bas. »

Núñez Vicente insiste sur le fait que le choix reste possible pour les personnes souffrant de claustrophobie, soit 12,5% de la population, selon Fast Company: ces sièges étriqués, mais sans doute vendus moins cher par les compagnies aériennes, ne sont aucunement une obligation puisque des avions habités par son système comporteraient également des rangées de sièges tout à fait classiques.

« Si vous souffrez de vertige, vous n’allez pas faire du saut en parachute. Si vous êtes claustrophobe, vous n’allez pas choisir les sièges du bas. Mais si vous avez de grandes jambes, vous devriez », déroule l’entrepreneur, qui jure que de nombreuses compagnies se sont montrées intéressées par sa solution.

Aucune, pour l’instant, n’a néanmoins annoncé souhaiter adapter ses avions aux deux étages inventés par Chaise Longue Economy Seat. Ce n’est peut-être qu’une question de temps.

Koori, Thomas Burgel, 28 juin 2022