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Ceux qu’il ne faudra pas inviter à passer quelques jours avec vous cet été !

Il y a les fusionnels, les dysfonctionnels, les sans-gênes… Partager des moments avec des couples de copains peut parfois virer au désastre. Petite typologie des indésirables.

Cet été, c’est sûr, vous allez côtoyer d’autres couples que le vôtre. À l’horizon, des rires, des barbecues trop cuits et des conversations jusqu’au bout de la nuit. Mais aussi un risque élevé d’incendie : car tout couple possède sa part d’ombre, de désaccords, de non-dits, soit autant de matière inflammable. Car, s’ils s’attirent, recherchent la compagnie d’autres duos, leur mode de fonctionnement est-il vraiment compatible avec celui du groupe ? jusqu’où le lien amoureux s’accommode-t-il de se frotter à cette autre intensité qu’est celle de l’amitié ?

Qui sont ces couples qu’on préfère tenir éloignés de nos vacances ?

Faut-il les accepter, partir en courant ou bien oser la sincérité avec eux ?

Toute ressemblance avec des couples présents dans votre entourage étant évidemment fortuite.

LE COUPLE QUI SE DISPUTE

Il y a ceux qui se chamaillent sans prendre conscience que leurs petits accrochages font figure, aux yeux des autres, de guerre nucléaire. « Lionel et moi sommes très entiers, explique Marine. Nous avons tendance à vouloir convaincre l’autre à tout prix. C’est arrivé lors d’un week-end entre amis : je m’apprêtais à raconter une anecdote à propos d’un homme qui se trouve être directeur général. Lionel m’a interrompue :

« Non, il est directeur marketing ». Ce détail est d’un seul coup devenu l’enjeu majeur de la conversation, ni l’un ni l’autre ne voulant capituler. Nos amis, atterrés, ont fini par nous dire que nos disputes gâchaient les moments passés ensemble. Depuis, quand la conversation s’envenime, je lâche prise, pour le bien-être des autres et pour le mien. »

Ce qui dérange surtout dans une dispute, c’est de se retrouver coincé dans la position du spectateur, On est pris dans un imaginaire, comme on l’appelle en psychanalyse : le couple se raconte sa propre histoire et on n’a pas forcément envie de l’écouter. L’attitude la plus efficace peut être de couper court, en expliquant tout simplement que l’on ne souhaite pas assister à cela.

LE COUPLE QUI S’AIME TROP

« Lors de vacances à la campagne, l’un de nos copains est venu avec sa nouvelle petite amie, se souvient Florence, 40 ans. J’ai cru qu’on allait les tuer ou tous imploser : ils ont passé la semaine collés l’un à l’autre, à s’embrasser, se chuchoter des trucs à l’oreille ou à se retrancher dans leur chambre. Ils étaient en décalage : à chaque fois que l’on sortait se promener, eux préféraient faire une sieste, etc. Entre l’éternel célibataire du groupe, qui se morfondait, et les couples de longue date, qui se sentaient comme des mammouths de l’amour, personne n’a passé un bon séjour. Eux non plus, finalement, ils auraient dû choisir une  semaine dans une chambre d’hôtel, à deux. »

Pourtant, voir ses amis amoureux devrait nous rendre heureux, au lieu de susciter chez nous cet irrépressible pincement de lèvres … La question qui se cache derrière cette gêne est peut-être : « Est-ce que je pourrais m’autoriser, moi aussi, à désirer autant ? » Peut-être n’avons-nous pas ressenti cet élan depuis longtemps, ou n’avons-nous pas osé exprimer nos frustrations au sein de notre couple ? N’est -ce pas surtout cela qui nous met mal à l’aise ?

LE COUPLE QUI MET LA PRESSION

Olivia, 41 ans, redoute le moment où elle va retrouver ses amis dans le riant petit village du Sud-ouest où, depuis l’an dernier, ils passent leurs vacances : « À Paris, on se voit environ une fois par mois et l’on s’entend très bien. Mais là-bas, alors que chaque couple loue son appartement, ils deviennent dépendants. Dîner, faire les courses, visiter un musée : ils veulent tout partager. Non seulement on finit par ne plus avoir rien à se dire, mais on ne sait plus comment leur échapper, profiter d’un instant d’intimité. »

Autre présence écrasante : ceux qui ont décidé de transformer votre semaine de vacances en programme d’entraînement pour les JO.

« J’ai des amis pour qui chaque seconde doit être utilisée, dédiée à une activité, raconte Félicie, 35 ans. Nous sommes partis à Nice, un été : le lundi, c’était via ferrata, le mardi, kayak sur une mer houleuse et pique-nique sur une île avec sandwichs au sable, et le soir, festival de musique. Le lendemain, qu’importe si on avait un peu de mal à enchaîner, c’était une randonnée, couronnée d’une initiation à l’escalade. J’ai bien tenté de proposer un spa, mais non, il fallait s’adapter à leur rythme. Eux ne se mettaient jamais à notre diapason. »

D’où cet impératif : parler. Sortir du « nous », rappeler les règles du « je ». Et replacer l’autre, lentement mais sûrement, dans une position d’écoute. il est important d’observer un temps de « régulation d’amitié »,. Au début des vacances, par exemple, ou avant de partir, on peut prendre un moment pour que chacun puisse exprimer ce dont il a besoin ou pas, ce qu’il attend de cette semaine passée ensemble. » Est-ce un hasard si le mot d’harmonie, étymologiquement, vient du grec harmonia, qui signifie assemblage, arrangement, ajustement ?. Si l’on n’est pas à l’aise avec l’attitude de l’autre, c’est nous qui sommes responsables. On ne peut pas reprocher à quelqu’un de ne s’être pas comporté comme on l’attendait et le garder pour soi. »

LE COUPLE INFIDÈLE

« Un de mes amis a un petit problème avec la fidélité, explique Terence. Sa compagne, que je ne connais pas très bien, s’est mise un été à m’interroger, en tentant de recouper des informations : on avait vu mon ami avec une fille à une exposition, est-ce que je la connaissais ? Le pire, c’est que lui ne me racontait rien ! J’ai passé des jours à botter en touche pour m’extirper de cette situation. » Pour finir, tout est rentré dans l’ordre. Surtout pour Terence, sorti indemne du conflit dont il aurait pu devenir le dommage collatéral. « Intervenir dans l’intimité du couple risque de se retourner contre soi. Parce que les conseils risquent d’être mal perçus, ou que ce que l’on a cru être une crise terrible n’était finalement qu’une turbulence, que le couple a fini par traverser. » Et si tout le monde passait en mode été ?

Madame Figaro, Pascaline Potdevin, 15 juin 2022