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Agriculture : Celle de demain donne le vertige !

Produire sa nourriture dans des trous, c’est le concept audacieux de GreenForges.

Pour la plupart d’entre nous, l’agriculture est synonyme d’un vaste champ de blé gorgé de soleil. Mais pour Philippe Labrie, le fondateur de la start-up GreenForges, l’agriculture de demain se déploie verticalement et sous terre.

Depuis plusieurs années, les fermes verticales ont le vent en poupe : occupant moins d’espace, elles peuvent être installées en ville, offrent une productivité supérieure, nécessitent moins d’eau et ne dépendent pas des aléas climatiques. Si le concept est économe en espace, il faut quand même trouver un endroit où construire des tours, ce qui n’est pas toujours facile dans des endroits densément peuplés. D’où l’idée de les enfouir dans le sol.

Au printemps prochain, GreenForges va ainsi ouvrir sa première ferme souterraine à Montréal, en utilisant les technologies déjà éprouvées pour ce genre d’agriculture : culture hors-sol irriguée par un liquide nutritif, éclairage LED et contrôle de l’humidité et de la température, le tout entièrement automatisé.

30 mètres sous terre

Lorsque les cultures sont mûres, la colonne est remontée à la surface et la récolte se fait manuellement. Le prototype utilisera des trous d’un mètre de diamètre sur 15 mètres de profondeur, mais GreenForges projette à terme de cultiver des plantes jusqu’à 30 mètres sous terre –l’équivalent d’un parking souterrain de dix étages. « Notre solution permet de monétiser les espaces souterrains des bâtiments », fait valoir Philippe Labrie.

L’avantage ne se situe pas seulement au niveau du gain de place. « Avec les fermes verticales aériennes, l’un des plus gros coûts énergétiques est le système de ventilation qui doit être allumé en permanence juste parce que la température et les conditions extérieures changent –chaud, froid, humide, sec », explique Philippe Labrie au site TechCrunch.

Sous terre, la température se stabilise autour de 5 à 10 mètres de profondeur, quelle que soit la saison ou la température extérieure. Il faut bien sûr quand même chauffer un peu, mais de façon continue et non pas avec des pics et des creux, ce que déteste le réseau électrique, met en avant Jamil Madanat, directeur de l’ingénierie chez GreenForges. Il promet qu’il ne veut installer ses fermes « que dans des endroits où l’électricité provient de sources renouvelables».

Au total, la start-up promet une efficacité énergétique améliorée de 30% à 40% par rapport aux fermes verticales traditionnelles. Dans un premier temps, elle va s’en tenir aux légumes cultivés dans ce genre de ferme urbaine avec une production de 2.400 laitues par mois pour une ferme de 30 mètres de profondeur. Mais Philippe Labrie envisage de faire pousser un jour des variétés jusqu’ici inaccessibles à la culture verticale, comme le blé et le soja. À quand la baguette de pain fabriquée sous nos pieds ?

Korii, Céline Deluzarche, 18 octobre 2021