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« Birding », un hobby sylvestre pour urbain hipster !

Depuis la pandémie, des jeunes en quête de calme et d’aventures s’adonnent à une nouvelle passion : partir dans la nature observer les oiseaux.

Cela a commencé comme une blague. Sauf qu’à leur plus grand étonnement, la chose a fini par leur plaire. Et aujourd’hui, ils partent à la recherche de l’oiseau rare – littéralement, sans jeux de mots, sans second degré. Pour ces ornithologues en herbe, pas de doute, non seulement les oiseaux sont bien réels, mais les examiner marche bien mieux que la fumette de cannabis pour calmer leurs angoisses.

Le birding : un hobby sylvestre pour urbain hipster

C’est encore une conséquence de la pandémie. Entre deux fermetures de bars, ces jeunes américains ont adopté ce loisir réservé à des retraités en pantacourts cintrés de bananes Quechua. C’est le cas de Sam, 28 ans, professeur de mathématiques à Boston.

« Je fais du birding à la journée une à deux fois par mois, mais comme je ne vis pas loin de quelques bons spots, je m’y rends aussi près de deux fois par semaine juste pour une heure, seul. C’est très apaisant », confie le jeune homme à InsideHook. Le birding, c’est donc cette activité consistant à se balader dans la nature, potentiellement armé de jumelles, d’un carnet à croquis, d’un appareil photo ou de son pote Bobby pour essayer de contempler des oiseaux (birds en anglais.) Tout autant que l’observation de l’oiseau lui-même, c’est l’immersion dans la nature qui séduit les adeptes. Mais aussi bien sûr, le chemin à parcourir. « Il est difficile de séparer l’observation de l’oiseau lui-même de l’aventure que sa trouvaille génère » , souligne le professeur tombé en amour du birding début 2021.

D’après le média américain, le birding séduit maintenant les hipsters de Brooklyn, Portland et Austin, qui après avoir adopté le jardinage dans les jardins verticaux et l’apiculture sur des rooftops cèdent dorénavant aux pépiements des aigrettes tricolores ou de la bécasse des bois. La popularité de la tendance se traduit aussi sur TikTok, où le #birding cumule plus de 64 millions de vues, des chiffres qui montrent que l’intérêt pour l’activité – à laquelle on s’adonne au cœur d’une réserve naturelle comme depuis son balcon – s’étend aujourd’hui au-delà de la blague…

Le birding, ou le rêve d’une vie simple ?

Pour les « birdies » (les pratiquants du birding), il s’agit tout autant d’admirer le plumage d’un paradisier grand-émeraude, que de crapahuter dans la nature, de savourer le temps long, ou de soigner son asolitude… Forgé en 2021 par le psychologue canadien Robert J. Coplan, le néologisme qui provient du terme « aloneliness » exprime le mal-être causé par l’impossibilité de passer du temps seul, dont beaucoup ont souffert à la fin du confinement. Leur remède : un tour en forêt en solo.

Et le goût pour la solitude causée par la pandémie est loin d’être anecdotique. À tel point que les plus jeunes ressentiraient même une certaine nostalgie de la période, passée pour la plupart seuls chez eux… C’est ce qu’indique un sondage réalisé par le média britannique The Face, qui révèle que 66,9 % des jeunes interrogés aimeraient revenir au confinement. « Loin du bruit ambiant, se concentrer sur l’appréciation d’activités pour lesquelles nous n’avions pas le temps auparavant a parfois fait ouvrir les yeux », note le média. Alors après la cuisine et la couture, le birding ? Il semblerait bien…

L’ADN, Laure Coromines, 7 avril 2022