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A vos CV pour répondre à une urgence mondiale !

Le XXe siècle était celui de la finance. Le XXIe siècle sera celui de la logistique.

Des pénuries de papier toilette dans les rayons. Des masques anti-Covid arrivant au compte-gouttes. Des porte-conteneurs bloqués pendant des semaines dans les ports avant de pouvoir décharger leur marchandise.

Des usines automobiles à l’arrêt par manque de puces. Une production de chaussures interrompue en raison de l’épidémie au Vietnam. Des entreprises obligées d’affréter leurs propres cargos pour être livrées en temps et en heure.

La pandémie de Covid-19 a révélé une incroyable fragilité des chaînes d’approvisionnement que l’on croyait jusqu’ici bien rodées et fiables. Et signé un réveil douloureux chez les dirigeants, qui se sont rendus compte d’un manque criant de professionnels en la matière. «Les entreprises réalisent que la logistique n’est pas seulement une dépense, mais peut aussi créer de la valeur lorsqu’elle est bien menée », explique à Bloomberg Jarrod Goentzel, chercheur au Center for Transportation and Logistics du MIT, qui travaille notamment avec Amazon ou Intel.

Le problème justement, c’est que les chaînes d’approvisionnement sont devenues terriblement complexes. « Toute entreprise qui dit bien comprendre sa chaîne d’approvisionnement ment », sourit Jarrod Goentzel.

À la chaîne

Il faut non seulement gérer des sources d’approvisionnement multiples, mais prendre en compte la gestion des risques, les stratégies de délocalisation, les nouveaux modes de production, sans oublier l’éthique et l’écologie, deux thèmes qui sont en pleine ascension.

Autant de critères qui étaient jusqu’ici peu enseignés dans les écoles de commerce. « Il est temps que la profession se réveille. Le XXe siècle était celui de la finance. Le XXIe siècle sera celui de la logistique », tranche Jarrod Goentzel.

À la Smeal College of Business de Penn State, un cours de maîtrise en gestion des risques de chaîne d’approvisionnement sera ainsi ajouté l’an prochain, avec des leçons tirées directement des expériences de partenaires commerciaux, dont le fabricant de chocolat Hershey ou la société informatique Dell Technologies.

« Le thème est devenu populaire auprès de nos étudiants après l’affaire de l’Ever Given bloqué dans le canal de Suez en mars », observe Kevin Linderman, directeur du département de la chaîne d’approvisionnement à la Smeal College of Business.

« Cette année, plus de 400 étudiants de premier cycle ont déclaré leur intention de se spécialiser en logistique, contre environ 270 l’année précédente », se réjouit-il.

Alok Baveja, enseignant à la Rutgers Business School, confirme que «de nombreux étudiants qui s’orientaient auparavant en finance ou en marketing choisissent maintenant la gestion de chaîne d’approvisionnement ».

Une fois leur diplôme obtenu, ils n’auront que l’embarras du choix, assure-t-il. Logisticien sera bientôt aussi à la mode que développeur en intelligence artificielle.

 

Bloomberg/Korii, Céline Deluzarche, 16 novembre 2021