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5 façons d’en sortir et de changer son rapport à l’alcool !

Trente et un jours sans alcool. Plus d’un Français sur trois envisageait, au début du mois de janvier, de relever ce défi bénéfique pour la santé. Alors , début février comment prolonger l’effort, ou renouer en toute modération avec le ballon ou le demi ?

Selon un sondage BVA, 35 % des Français interrogés y auraient participé .Que vous ayez fait partie de ceux-là ou non, comment aborder le mois de février sous les meilleurs auspices ?

1. Avec de l’eau

Parce que, si vous avez tenu un mois sans alcool, pourquoi ne pas tenir plus ? C’est le secret de toutes les personnes qui réussissent à arrêter de fumer, de boire ou de consommer d’autres drogues. La difficulté n’est pas tant d’arrêter que de ne pas reprendre. Poursuivez le challenge sur un mois supplémentaire ou, pourquoi pas, une année complète. D’autant que, si l’on en croit la nuance apportée par le site de la Ligue contre le cancer à propos du sondage BVA mentionné plus haut, « ceux qui pensent participer (35 %) sont surtout ceux qui ont déjà une consommation en dessous des repères recommandés » par Santé publique France. Il s’agit donc majoritairement de personnes qui n’ont pas un rapport problématique à l’alcool à la base.

Quant aux esprits chagrins qui vous feront remarquer que l’eau est ennuyeuse car elle n’a pas de goût, détrompez-les avec fougue : qu’elle soit minérale ou du robinet, l’eau a indiscutablement un goût.

2. Avec du light

Parce que le Dry January avait pour vous des airs de détox. Le défi est ainsi comme une sorte de Carême, de ramadan païen. Ou tout simplement un répit pour l’œsophage, l’estomac et le foie, après les abus de fin d’année. Il y a alors un risque majeur, celui de rejouer Pâques, c’est-à-dire se jeter un trop-plein dans le gosier dès le lendemain, histoire de fêter la reprise. Plusieurs vidéos avaient d’ailleurs circulé sur les réseaux sociaux anglais il y a quelques années, avec des jeunes annonçant un navrant binge drinking (beaucoup d’alcool sur un temps très court) le 1er février.

Profitons-en, donc, pour rappeler ce que toute femme ayant cessé de boire pendant les neuf mois de sa grossesse a pu éprouver au premier verre : une résistance à l’alcool soudain très faible. Après un temps d’abstinence, l’organisme se déshabitue et devient plus sensible aux effets de l’alcool. Dit plus simplement : on est pompette dès le premier verre. Pour éviter une ivresse gênante, mieux vaut donc y aller en douceur, en privilégiant des boissons faiblement alcoolisées et des quantités plus modestes qu’en 2022.

3. Avec un restaurant

Un mois sans alcool ne suffit pas pour s’offrir un voyage sous les tropiques (d’autant que cela reviendrait à moins polluer son corps pour polluer davantage la planète). En revanche, si vous aviez prévu de renouer avec le vin, vous pouvez faire d’une pierre deux coups en vous offrant un dîner au restaurant, avec une bouteille conseillée par le sommelier et adaptée au repas.

En développant l’idée, il est même envisageable de bannir les flacons de la maison pour les réserver aux belles tables. Moins de tentations, et la garantie de boire dans le cadre d’un repas gastronomique, dans l’esprit de « la culture française du vin » si souvent mis en avant par les filières viticoles.

4. Avec un bon vin

Parce que, en dehors de votre médecin, personne ne vous interdit de boire un verre. Reprenons les seuils recommandés par Santé publique France, à savoir pas plus de deux verres par jour, pas tous les jours (pas plus de dix verres par semaine). Cela laisse une certaine marge pour se faire plaisir et, quitte à diminuer sa consommation, conserver le même budget en investissant dans des vins de meilleure qualité.

Car il ne faudrait pas pécher par naïveté : boire procure généralement du plaisir, et pas seulement parce que le contenu du verre est bon. D’ailleurs, l’alcool est massivement consommé lors des soirées entre amis et des repas en famille. Mais, contrairement à ce que j’ai lu chez une consœur pour qui les Français boivent de l’alcool lors des interactions sociales « parce qu’il véhicule une image positive », je pense qu’il faut plutôt chercher dans ses effets sur le cerveau, en termes de désinhibition et de plaisir. L’ivresse provoque, dans un premier temps, une libération de sérotonine et de dopamine. Ce qui entraîne une sensation de bien être, de confiance en soi et une propension accrue à sociabiliser avec son prochain (jusqu’au comportement inapproprié en cas d’excès). Pouvoir faire coïncider plaisir et mesure est tout l’enjeu d’une consommation modérée.

5. Avec un addictologue

Parce que vous aviez très envie de faire le Dry January, mais que vous n’avez pas réussi. Il y a ceux qui craquent en cours de route, au détour d’une invitation, et ceux qui ne tiennent pas plus d’une journée, tant la montagne semble haute à gravir. Les spécialistes sont d’ailleurs très divisés sur l’enjeu de ce challenge vis-à-vis des personnes alcooliques.

Pour certains, il est une première marche vers la sobriété, une béquille collective qui permet de se lancer. L’addictologue Mokka Lorberg m’avait dit un jour à ce sujet : « Si vous décidez d’arrêter pour toujours un produit que vous consommez depuis des années, la perspective est trop écrasante et sape la motivation dès le départ. Se dire “j’arrête pour un mois” semble davantage tenable. Libre à vous, à la fin du mois, de décider de renouveler ce contrat avec vous-même et ainsi traverser le pont, pas après pas. »

Pour d’autres, le Dry January permet de prendre conscience du problème. Et, dans ce cas, la marche suivante est claire : faire appel à un addictologue. L’arrêt de l’alcool, dans un contexte de dépendance, ne tient pas qu’à la volonté de la personne. A un certain stade, le manque (psychologique comme physique) paralyse toute propension à décider rationnellement, et une aide extérieure devient indispensable.

Le Monde, Ophélie Neiman, 30 janvier 2023